SECOURS ROUTIER - Choisir le matériel de désincarcération pompier : les conseils d’un expert Incident Commander

SECOURS ROUTIER - Choisir le matériel de désincarcération pompier : les conseils d’un expert Incident Commander

Retours d'expérience
Publié le 4 février 2021 - Mis à jour le 4 juin 2021

Vous vous demandez quels critères prendre en compte pour choisir votre matériel de désincarcération?
Electroportatif ? Hydraulique ? Vous voulez savoir quel est le meilleur compromis selon le véhicule et la situation ?
Le lancement des outils de désincarcération submersibles est présenté comme une révolution dans le domaine. Vous vous interrogez sur ce que cela apporte en plus concrètement ?

Vous trouverez toutes les réponses dans cet article. Nous avons interrogé Olivier Simon, nouveau Incident Commander au sein de l’ESRT 57. De sa première désincarcération en secours routier à l’âge de 16 ans en tant que pompier volontaire, à sa prise de fonction en tant qu’Incident Commander au sein de l’ESRT 57, en passant par sa participation à de nombreux challenges de secours routier, Olivier Simon nous livre ses conseils d’expert et formateur SR pour choisir le bon matériel de désincarcération.





Dumont Sécurité : Quel matériel de désincarcération utilisez-vous ?

En Moselle, historiquement, nous étions équipés en Bemaex, une ancienne marque qui aujourd‘hui n’existe plus. Depuis, nous avons choisi les outils de désincarcération de la marque Lukas.

Actuellement, selon moi, les meilleurs écarteurs sur le marché sont des Lukas. Leurs pointes en dent de requin "Shark Tooth" permettent une excellente prise dans tout type d'intervention. Le schéma d’ouverture des bras de l’écarteur Lukas permet un sauvetage rapide et sûr. Quand nous avons besoin d’écarter ou d’écraser un siège, le schéma d’ouverture des bras est très important. 

 


Dumont Sécurité : comment faut-il choisir le matériel selon-vous ? Préférez-vous l’électroportatif ou l’hydraulique ?

Il faut savoir ce que l’on veut faire avec les outils et les adapter aux utilisateurs. 



Désincarcération voiture – véhicule léger : optez pour le matériel électroportatif

Sur des cas qui ne sont pas complexes, je recommande le matériel l’électroportatif. Une désincarcération de voiture, sauf cas extrême, dure maximum 1H.

Pour un véhicule léger et un temps de travail réduit, l’électroportatif est plus adapté :

✔️ Projection plus rapide,
✔️ Mise en œuvre plus rapide,
✔️ Pas d’encombrement avec les flexibles,
✔️ Pas de bruit.

En effet, un groupe hydraulique en marche est très bruyant. Au lieu de se parler, les équipiers sont obligés de crier pour s’entendre.

Pour intervenir sur un VL simple, La pince de désincarcération électroportative S 312 e2 ou eWXT de Lukas est suffisante. Il va juste falloir adapter la technique. Si je prends la cisaille S788 pour attaquer un montant central, je peux la prendre dans n’importe quel sens, je sais qu’elle va couper. Par contre, elle pèse 25 kg. Une longue utilisation sera très fatigante.

 


Désincarcération poids lourd – véhicule lourd : préférez les outils hydrauliques

Lors d’une désincarcération poids lourd, un autocar ou un train, les rôles sont répartis en fonction des compétences de chacun. Certains sont plus à l’aise au calage, d’autres à la coupe, à l’extraction des victimes, etc… 

Ce type d’opération dure en général minimum 1H30. L’hydraulique est donc plus adapté car les outils sont bien plus légers. De plus, le poids ressenti est plus important lorsque l’on travaille sur un poids lourd car il faut soulever les outils au-dessus du bassin ou au niveau des épaules.

La cisaille électroportative S788 eWXT pèse 25 kg environ avec sa batterie. Il est difficile de la tenir et la manœuvrer en hauteur plus de 15 minutes. Au-delà, les douleurs au dos, aux bras et aux épaules deviennent trop intenses, ce qui peut engendrer des TMS.

Pour la coupe de ce type de véhicule, je recommande la cisaille hydraulique S788. Les équipiers se relayeront 2 fois moins, car chacun pourra travailler environ 30 minutes, au lieu de 15 minutes pour le modèle électroportatif équivalent.



Désincarcération ascenseur et forcement de porte : choisissez l’outil de forcement StrongArm

En plus de l'AVP (Accident de la Voie Publique), les sapeurs-pompiers interviennent aussi sur des sauvetages d’ascenseurs dans un cadre bien particulier : lorsque que la cabine d’ascenseur est bloquée en parachute. Dans un premier temps, ils sécurisent la cabine, puis ils ouvrent la cabine avec les outils de forcement comme le StrongArm de Lukas.

Pour forcer une porte ou ouvrir une grille industrielle, le bon choix est aussi le StrongArm.


Choix du matériel de désincarcération : ce qu'il faut prendre en compte

Les différents profils utilisateurs

Avec l’arrivée des pompiers volontaires, la féminisation des équipes, il n’y a plus de taille minimum chez les pompiers. 

Lors des tests de matériel, il faut faire venir des pompiers de différents gabarits, des femmes, des hommes qui n’ont jamais utilisé ce type de matériel. Ce sont à ces équipiers-là que les outils doivent correspondre, pas seulement les membres de l’ESRT.

Une désincarcération ce n’est pas facile, il faut porter l’outil, le mettre en place, le retenir. Quand on a coupé le montant, il ne faut pas que l’outil tombe ou ne blesse quelqu’un. Il est primordial d’être maître de l’outil et pas l’inverse.

Il y a beaucoup de paramètres qui entrent en ligne de compte : la force de coupe, la puissance, la longueur des lames, l’ouverture des lames, la longueur de déploiement ou d’écartement, mais aussi l’ergonomie qui est très importante pour éviter les TMS, hernies discales, et autres maladies professionnelles.

La performance ne doit pas être le seul critère. Il faut penser à :

✔️ La simplicité d’utilisation,
✔️ La facilité de mise en œuvre,
✔️ La conformité aux doctrines de formation en secours routier qui sont mises en place par les SDIS : formation de maintien des acquis (FMA), fiche d’aide à la désincarcération (FAD), etc…


La sécurité des utilisateurs est primordiale et les outils Lukas protègent bien les mains des opérateurs. Cette protection permet d’éviter que la main se coince au niveau de la poignée et du montant.  Aujourd’hui sur le marché, tous les outils découpent. La différence se fait sur l’ergonomie, le poids, la maintenance, la facilité d’utilisation. Il ne se fait plus sur la qualité de coupe. 

Pour les écarteurs, il est important de regarder les schémas d’ouverture et les dents.

 

Dumont Sécurité : Que pensez-vous de la gamme submersible eWXT de Lukas ? Selon vous, est-ce qu’une utilisation sous l’eau est intéressante ? 

 

La gamme eWXT immergeable de Lukas est très utile pour les désincarcérations en cas de mauvais temps ou lorsque le véhicule est tombé à l’eau. 

La désincarcération sous la pluie

Il faut savoir que 80% de nos interventions en secours routier se font de nuit, en hiver, dans la boue ou dans les fossés. Le matériel secours routier gamme eWXT est étanche et permet donc d’intervenir sereinement en cas d’intempéries. 

La désincarcération d’un véhicule tombé dans un canal, une rivière

Une voiture tombée à l’eau, dans un canal, une rivière, il faut pouvoir l’ouvrir. Cela n’arrive pas si souvent, mais lorsque cette situation se produit, il faut pouvoir intervenir.

Nous avons eu deux cas en Moselle l’année dernière. Les pompiers ont été obligés de sortir la voiture de l’eau avant de pouvoir désincarcérer les personnes coincées à l’intérieur, faute de matériel adapté à une utilisation sous l’eau. Cela a rallongé grandement l’intervention. Au lieu de pouvoir traiter la désincarcération dans les 15 à 30 minutes, l’intervention a duré 1H30. La durée de l’intervention a un impact considérable sur les chances de survie et le degré de séquelles des victimes.

En plus de rendre une utilisation sous l’eau possible, Lukas a apporté d’autres améliorations avec la gamme eWXT par rapport à la E2 :

✔️ Réduction de la longueur de l’écarteur de plus de 10 cm ce qui est hyper intéressant lorsque l’on attaque des montants,
✔️ Réduction du poids,
✔️ Réduction du temps d’ouverture et de fermeture,
✔️ Meilleure autonomie de batterie.



Zoom sur la carrière d’Olivier Simon :

Dumont Sécurité : Parlez-nous un peu de vous, votre parcours. Pourquoi avoir choisi le Secours Routier plutôt qu’une autre spécialité ?


J’ai 41 ans et cela fait maintenant 21 ans que je suis pompier professionnel. J’ai commencé pompier volontaire à l’âge de 16 ans. Mon père l'a été pendant 40 ans et m’a transmis la passion pour ce métier.

En 1999, je me suis spécialisé dans la FPS (Formation Premiers Secours). De formateur en secourisme, je me suis orienté au fil du temps vers le secours routier. Je me suis vraiment lancée dans le secours routier pompier en 2006.

Pourquoi ai-je choisi cette spécialité et pas une autre ? Parce que dans le secours routier, j’ai retrouvé cette technicité qu’il faut pour non seulement enseigner, mais surtout pouvoir intervenir efficacement sur les accidents de la circulation. Il existe de nombreuses spécialités comme le risque chimique, radiologique, le sauvetage-déblaiement, etc… Sur des interventions de risque chimique, risque d’effondrement d’une maison, on peut toujours faire appel à une entreprise spécialisée dans le domaine. Mais, pour prendre charge un accident de la circulation, il n’y a que nous, pompiers, qui pouvons intervenir.


Son parcours dans le Secours-Routier :

2016 : Formation de FOR SR au sein du SDIS67

2017 : Stage perfectionnement à la désincarcération lourde au sein du SDIS17 (formation qu’il conseille à tous, tant pour la qualité de l'équipe pédagogique que pour la plus-value opérationnelle) 

2018 : Formation intervention d'urgence sur véhicules de nouvelles technologies au sein du SDIS86

2018 : Participation au Rescue Day's en Allemagne.

Son intégration au sein de l'ESRT :

2018 : Intégration à l'équipe en qualité de Technicien lors du challenge national dans les Yvelines

2018 : Participation au NTRC au Luxembourg

2018 : Participation au WRC en Afrique du Sud

2019 : Participation au challenge national à Avignon

2019 : Participation dans le staff du WRC France à La Rochelle

2019 : Organisation au 1er Challenge Transfrontalier de Secours Routier à Thionville en Moselle

2020 : Prise de fonction d'IC au sein de l'équipe.

 

Crédit photo : Gaël THIBULT




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